Hygiène, désinfection et 3D. Les bailleurs sociaux innovent contre les punaises
Les principaux bailleurs sociaux parisiens travaillent sur une technique très innovante de détection et de traitement des punaises de lits.
« En Île-de-France, 146 organismes détiennent près de 1,3 million de logements sociaux locatifs, soit un quart du parc français, un parc qui représente par ailleurs plus de 26 % des résidences principales de la région. Un groupe de travail, composé de sept bailleurs importants à Paris et en petite couronne (CDC Habitat, Elogie Siemp, Espacil Habitat, Immobilière 3 F, Paris Habitat, RIVP, Seine-Saint-Denis Habitat) s'est constitué en septembre 2018 pour mener une expérimentation sur une nouvelle méthode de détection des punaises de lit. Cet inter-bailleur francilien, animé par l'Aorif, a mis en place un partenariat avec le CSTB et l'hôpital Avicenne de Bobigny. « Depuis bientôt dix ans, nous devons faire face à un nombre croissant d'infestations de punaises de lit qui entraîne une forte mobilisation des bailleurs sociaux notamment. Mais, malgré cela, nous constatons que les prestataires ne sont pas toujours structurés pour répondre à la demande de façon efficace, que les locataires ne sont pas assez sensibilisés et informés et que les traitements s'avèrent complexes. Il faut donc impérativement mettre en place une stratégie globale qui s'appuie sur la prévention, le diagnostic et le traitement » détaille Cyrille Fabre, chef du service exploitation de Paris Habitat qui compte 125 000 logements.
Analyser les COV pour adapter le traitement
La démarche proposée par le CSTB et le service du Dr Arezki Izri de l'hôpital Avicenne vise à mettre au point un système de détection des punaises de lit grâce à des traceurs chimiques. Une sorte de « nez artificiel » qui décèlerait la présence des insectes grâce à leur empreinte chimique identifiée préalablement en laboratoire. L'analyse des COV (composés organiques volatils) devra permettre de déterminer l'état de développement de l'insecte (oeuf, larve, adulte) afin de localiser et d'adapter le traitement.
Ce travail, auquel participent les bailleurs sociaux et qui mobilise également une doctorante, arrive aujourd'hui dans sa phase finale. « Il s'agit maintenant de valider les mesures et les résultats scientifiques sur une plus grande échelle. Un test grandeur nature va être mené sur 200 de nos logements et approfondi sur trente d'entre eux. Nous devrions pouvoir ainsi évaluer les potentialités de ce dispositif in situ » poursuite Anne de Camaret, directrice départementale adjointe de l’agence de Paris d’Immobilière 3F.
Garantir un logement sans punaises de lit
Le projet dont le coût est de l'ordre de 400 k€ est financé pour moitié par le fonds d'innovation et pour moitié par les sept bailleurs participant. L'enjeu est double : détecter plus sûrement et plus rapidement les parasites quelle que soit leur étape de développement et par conséquent les traiter au mieux, mais également garantir qu'un logement qui va être mis en location n'est pas contaminé. « C'est une perspective très intéressante pour nous. Pouvoir très facilement, à l'aide d'un appareil, contrôler qu'un traitement a été efficace mais aussi proposer un diagnostic avant installation, comme nous le faisons déjà avec les diagnostics obligatoires. On peut imaginer une attestation "exempt de punaises de lit" par exemple... » complète Marie-Emmanuelle Nanaketcha, responsable hygiène et qualité de CDC Habitat.
« Il est urgent aujourd'hui de former et d'informer en proposant un protocole simple et efficace qui n'existe pas encore. C'est pour cette raison que sont réalisées des fiches d'information, notamment de l’ARS Île-de-France, sur les punaises et que devrait également être imaginé un livret consacré au sujet à destination du plus grand nombre, professionnels de l'hygiène compris » conclut pour sa part le Dr Arezki Izri.
A lire également :
Dératisation, désinsectisation, Bayer annonce des innovations majeures
Parasitec le grand rendez-vous des professionnels de la 3D