Rendez-vous manqué sur les salaires
A l'instar de la fédération de l'équipement, de l'environnement, des transports et des services Force ouvrière (FEETS FO) qui s'est exprimée par voie de communiqué le jeudi 12 mai, les partenaires sociaux du secteur de la propreté n'ont pu que constater l'échec des discussions lors de la 3è session de négociations sur les bas salaires. « Il est primordial que d’une part, l’évolution du Smic soit intégralement répercutée sur les minimas et que l’indemnité de transport soit nettement revalorisée. C’est à ce titre, que la FEETS-FO comme l’ensemble des organisations syndicales du secteur ont revendiqué une nouvelle augmentation de 3,2% portant le premier niveau d’AS1 à 11,18 euros de l’heure alors que le patronat proposait 11,12 euros de l’heure » martèle le syndicat qui a signé les deux premiers accords salariaux. Il déplore par ailleurs que la discussion achoppe pour 0,06 € « au regard des profits importants réalisés par les entreprises du secteur durant la crise sanitaire fort de l’investissement des salariés pour mettre en œuvre les mesures de nettoyage appropriées pour lutter contre le Covid.»
Augmentation importante des charges
De leur côté les entreprises de propreté reconnaissent la nécessité de prendre en compte la situation économique et sociale de plus en plus difficile de leurs salariés, mais mettent en avant les difficultés auxquelles elles sont confrontées. « Les TPE et PME que nous représentons ont dû faire face à des augmentations de charges importantes sans pouvoir le plus souvent les répercuter sur le prix des prestations, à la différence des grands groupes du secteur qui peuvent plus facilement peser et imposer des hausses à leurs clients » constate le SN.Pro qui représente les TPE et PME. La Fep quant à elle ne souhaitant pas prendre la parole tant que les discussions n'ont pas abouti.
Une occasion ratée d'augmenter les salaires
Certains dirigeants d'entreprises de propreté ont une vision un peu différente de la situation actuelle. C'est le cas de Patrick Belloq, dirigeant de Ace Pro, élu et représentant de la Fep pendant plus de 10 ans, jusqu'en décembre 2021 : « Nous avons raté une occasion historique d'augmenter les salaires de façon significative l'année dernière. le collège TPE proposait une augmentation salariale qui aurait pu aller jusqu'à 10%, quitte à la répartir sur 3 ans et plusieurs régions de la FEP souhaitaient elles aussi un coup de pouce salarial . Le signal aurait été fort pour nos entreprises et nos salariés. Aujourd'hui nous nous faisons rattraper par l'augmentation du Smic et les négociations sont interrompues. La situation risque encore de se dégrader pour nos agents. Le discours qui consiste à dire que les entreprises sont prises à la gorge par leurs donneurs d'ordres est un peu réducteur ! Nous sommes dans un secteur qui gagne plutôt correctement sa vie et qui s'est plutôt bien sorti de la crise des deux dernières années. Les marchés publics qui sont régulièrement pointés du doigt ne représentent que 25% de l'activité, et permettent notamment aux majors de faire du volume. Les différences ne devraient pas porter sur le prix, mais sur la qualité des prestations. Sur les marchés privés beaucoup de sociétés ont pu faire passer une hausse de l'ordre de 3% à 3,5%. Nous devons continuer à travailler sur la mise en place d'un indice des prix, mais également incrémenter dans nos entreprises le niveau d'expérience pour accompagner la progression des agents et de leurs salaires. »
Le « flex-office » de la discorde chez Renault
Engagés dans une grève qui se durcit depuis le 3 mai, les salariés de la société PEI, qui assurent notamment l'entretien du Technocentre Renault de Velizy (78), sont les victimes directes de la nouvelle organisation du travail basée sur le « flex-office ». Depuis deux ans les 120 agents présents sur le site connaissent une perte de revenus, due au chômage partiel. Aujourd'hui c'est l'accord sur le télétravail, conclu au sein du constructeur automobile, qui réduirait de 30% les besoins en personnel de nettoyage. « Nous avons des salariés qui sont sur site depuis plus de 20 ans parfois, qui habitent à proximité et ont la possibilité de travailler 7 heures en continu. Notre client nous demande aujourd'hui de nous organiser à J-1 en réduisant les effectifs de 25%,50% ou 75% en fonction de la présence de ses salariés sur site. Nous pouvons envisager un plan de départs volontaires, mais certainement pas sur 30% de nos agents ! Nous avons besoin de trouver des solutions avec le client. Ce que vivent nos salariés est une régression, dans un moment où les tensions sur les salaires sont fortes et les recrutements de plus en plus difficiles » note Mohamed Tandert, président du groupe T2MC auquel PEI appartient.