Lavage des mains : une puce pour tracer les mauvaises pratiques !
En France, chaque année, plus de 15 000 patients hospitalisés sont atteints d’une infection nosocomiale. Un chiffre constant depuis plusieurs années. Pour mesurer l’implication des soignants, le service des maladies infectieuses du CHU de Marseille les a équipés de puce dans leurs chaussures pour détecter leur taux de lavage des mains. Ils ne sont que 22% à effectuer le geste avant de s’occuper d’un patient.
Les 5è « Etats généraux des infections nosocomiales et de la sécurité du patient » qui se sont tenus à Paris au début du mois de février ont donné lieu à publication d’une étude sur le « lavage des mains » réalisée auprès des personnels des hôpitaux de Marseille, sous la houlette du Pr Philippe Brouqui, chef du service des maladies infectieuses. Les résultats sont mauvais et témoignent de la nécessité de marteler les messages liés à la désinfection des mains des soignants, tout en développant des outils de sensibilisation les plus pertinents possibles. La méthodologie originale, mise en œuvre au cours de l’étude a d’une part confirmé les lacune individuelles en matière de lavage des mains, mais aussi le manque de pertinence flagrant d’un indicateur clé de l’hygiène hospitalière : les volumes de solutions hydroalcooliques consommés. Les méthodes habituelles d ‘enquête consistent soit à réaliser une observation visuelle et un suivi des professionnels de santé, soit à se baser sur les volumes de solutions consommés. Dans le cadre de cette étude le Pr Brouqui a choisi d’innover en équipant les soignants de son service, volontaires pour l’expérimentation, de chaussures dont les talons étaient munis de puces électroniques. Des antennes ont été installées dans des endroits clés afin de repérer ces puces : sous les distributeurs de solution hydroalcoolique, à l’entrée de la chambre, mais aussi au niveau du lit du malade dans une « zone de sécurité » où le soignant ne devrait pas pénétrer sans s’être lavé les mains.
Au terme de ces observations les résultats observés ont fait l’effet d’un électro-choc : 22,6% du personnel soignant se lave les mains avant d'entrer en contact avec les malades et 21 % le font uniquement après. « Nous sommes bien loin des taux de lavage des mains de près de 70 % observés lors d'un audit national réalisé par
le groupe d'évaluation des pratiques en hygiène hospitalière publié en 2011. Dans la vraie vie nous sommes à 20 %, alors même que nous sommes un des services qui consommons le plus de solutés hydroalcooliques !» confie le Pr Philippe Brouqui à nos confrères du Figaro.
Prochaine étape : une alarme sonore ?
Une fois ce constat douloureux établi, les responsables du service des maladies infectieuses ont imaginé un moyen de rappeler aux soignants l’importance du lavage et de la désinfection des mains avant tout contact avec un malade. Les membres du personnel reçoivent désormais des SMS qui les informent régulièrement de leur pratique personnelle. A ce jour le simple fait d’appeler à la vigilance d’une façon personnalisée aurait permis de multiplier par deux le taux de lavage des mains. Mais bien décidé à aller plus loin, le chef de service n’exclut pas une étape supplémentaire qui mettrait en action une alarme sonore lorsque les soignants s’approcheraient d’un malade sans être passés par la case lavage des mains… Une procédure qui nécessitera toutefois, si elle est mise en place, l’établissement de paramètres plus précis concernant les soignants et les malades impactés.