Propreté dans l’hôtellerie de luxe : Hyatt revalorise les salaires des femmes de chambre de plus de 30% !
En quelques jours d’une grève rondement menée les femmes de chambres des hôtels de luxe, Hyatt Vendôme et Hyatt Madeleine, ont vu leurs conditions de travail et leurs salaires alignés sur ceux des salariés intégrées des autres palaces de la place.
Une réévaluation qui se traduit par plus de 30% de salaire mensuel en plus et quelques autres avantages. Un conflit symptomatique de la situation des entreprises de sous-traitance dans le secteur du luxe et de la position des donneurs d’ordres, qu’ils soient américains ou quatari. Un conflit qui a aussi permis de mettre en lumière la qualité du dialogue social instauré par les entreprises spécialisées, qui tiennent à préserver leur savoir-faire dans une course à la réduction des coûts.
Carton plein pour Claude Levy et le « petit » syndicat CGT des hôtels de prestige et économiques (HPE). Carton plein d’abord pour les femmes de chambres des hôtels Hyatt Madeleine et Hyatt Vendôme qui après plusieurs jours de grève ont obtenu des donneurs d’ordres, au travers des entreprises sous-traitante qui les emploient, une revalorisation très significative de leurs salaires mensuels : entre 380 et 420 € au Hyatt Vendôme, entre 500 € et 580 € au Hyatt Madeleine. Du jamais vu après quelques jours d’une grève très médiatisée, dans un secteur de la capitale où les boutiques de luxe côtoient les palaces. L’accord signé avec les sociétés Luxe et Tradition (Hyatt Vendôme) et Azurial (Hyatt Madeleine) permettent aux femmes de chambres de retrouver des niveaux de salaire proches de ceux pratiqués dans les hôtels de luxe n’ayant pas choisi d’externaliser leurs prestations. Mise en place d’un 13è mois ou équivalent, création d’une prime d’habillage et de déshabillage, participation de l’employeur à la mutuelle santé, suppression de la clause de mobilité et réduction des cadences de travail, les deux protocoles signés la semaine dernière reprennent des conditions appliquées plus généralement dans le secteur. Le seul point sur lequel les grévistes et leurs représentants syndicaux n’ont pas eu gain de cause demeure la ré-internalisation des prestations de nettoyage. Un combat certes idéologique pour la CGT HPE qui a fait de la sous-traitance dans l’hôtellerie de luxe un cheval de bataille, mais sur lequel elle n’a pas choisi de s’arc-bouter dans le cas présent compte tenu des avancées obtenues. Un combat qui risquait de toute façon d’être perdu d’avance eut égard à la position inflexible des propriétaires des hôtels Hyatt sur la question de la sous-traitance. Idéologie contre idéologie, mais au final une plus grande reconnaissance pour les femmes de chambre et le travail qu’elles accomplissement.
Une reconnaissance indirecte aussi pour les sociétés prestataires spécialisées qui les emploient : Luxe et Tradition et Azurial. Des entreprises dirigées par des hommes et des femmes issus du milieu de l’hôtellerie de luxe qui se heurtent eux aussi à la rigueur des négociations avec les donneurs d’ordres tout en s’efforçant de préserver la qualité du travail, dans un secteur d’activité très exigeant. Les responsables de la CGT HPE le reconnaissent volontiers, Claude Levy en tête, puisqu’ils ont tenu à mettre en avant, la qualité du dialogue social au sein de ces entreprises. L’activité des palaces et hôtels de luxe à Paris, mais aussi sur la Côte d’Azur, qui concentre un grand nombre d’établissements, se porte bien, comme en témoigne les ouvertures récentes, le Peninsula à Paris étant un des derniers en date. Le Crillon et le Ritz sont quant à eux en cours de rénovation jusqu’en 2015, et le Lutetia s’engage dans un lifting qui devrait durer 3 ans. Les professionnels du secteur notent la vitalité exceptionnelle de ce secteur comme en témoignent les chiffres : en 15 ans, à Paris, l’offre des palaces a progressé de 50%, passant de 1.400 à 2.100 chambres, avec des taux d’occupation supérieurs à 80% et des prix stables malgré l’augmentation de l’offre. Les prestations de nettoyage constituent pour ces établissements un des enjeux principaux en termes de service, d’où la très large tendance à conserver ces prestations en propre (plus de 80%). D’où aussi la volonté des entreprises ayant développé un véritable savoir-faire en la matière de ne pas se laisser entraîner vers le bas. Une situation qui peut conduire, sinon à une alliance, du moins à une convergence d’objectifs entre le syndicat du secteur et les entreprises prestataires !