Deux conflits sociaux parisiens sous les projecteurs
Deux mouvements de grève, qui s'installent dans la durée, touchent le nettoyage des gares SNCF de la banlieue nord de Paris et les prestations d'un hôtel Holiday Inn, Porte de Clichy à Paris.
Plus de 50 jours de grève pour les femmes de chambres et équipiers de l'Hôtel Holiday Inn de la porte de Clichy à Paris, bientôt un mois de grève pour plusieurs dizaines de salariés assurant le nettoyage de 76 gares de la banlieue nord de Paris. Ces deux conflits qui touchent directement les sociétés Héméra (Holiday Inn) et H.Reinier (SNCF) sont largement médiatisés et à fort impact en termes d'images. Le premier s'inscrit dans le contexte des prestations dans l'hôtellerie haut-de-gamme qui a connu quelques grèves dures ces dernières années avec, notamment, la ré-intégration chez le donneur d'ordres (le groupe Louvres Hotel) des équipes de nettoyage. Le conflit qui toucher quant à lui le réseau des gares du Transilien a éclaté le 1er novembre, lors de la reprise du marché par la société H.Reinier (groupe Onet). Dans deux mouvements sociaux les syndicats – FO et Sud Rail pour la SNCF, CNT et CGT HPE pour l'hôtellerie- demandent la fin de l'externalisation des prestations, et le respect d'engagements qui auraient été pris par les employeurs précédents.
Dialogue de sourds
Alors que la SNCF a décidé vendredi 1er décembre de faire appel à la force publique pour permettre le nettoyage de la gare de Saint-Denis, bloquée par les grévistes, le groupe Onet rappelle que « depuis le début de ce conflit, la direction de H. Reinier a organisé plusieurs réunions afin d’entendre les revendications des représentants du personnel et apporter des solutions concrètes. Au cours de celles-ci, la direction a formulé des propositions afin de satisfaire les revendications formulées, notamment concernant les clauses de mobilité, le rattachement à la Convention Collective de la Manutention Ferroviaire et Travaux Connexes et l’augmentation du panier repas. Cependant, certaines organisations syndicales ont souhaité se tenir à distance des négociations, soit en ne participant pas à ces réunions, soit en refusant de se prononcer sur les propositions de la Direction sans apporter de contre-propositions. »
Des conditions de travail très difficiles
De leur côté les syndicats confirment avoir interrompu les négociations lundi 4 décembre après la réception par une trentaine de grévistes de convocations à des entretiens préalables à licenciement. La SNCF appelle de son côté à la nomination d'un médiateur.
La mobilisation ne faiblit pas non plus devant l'Holiday Inn de la porte de Clichy où, Claude Levy, secrétaire de la CGT HPE, dénonce une fois de plus l'absence de reconnaissance aussi bien par l'entreprise prestataire, Héméra, que par le donneur d'ordre, la directrice de cet hôtel franchisé de 200 chambres du travail des femmes de chambre et équipiers. En grève depuis le 19 octobre les grévistes ne veulent rien lâcher et égrènent des griefs récurrents : paiement à la chambre et non à l'heure, absence de prise en compte de la pénibilité, mobilité contrainte, absence de primes...
« Un pourrissement de la situation qui ne devrait pas exister. Les choses doivent se régler rapidement en amont, en prenant compte de la pénibilité de ce travail et en respectant celles et ceux qui le réalisent. L'internalisation n'est certainement pas la solution, à chacun son métier. Pas plus que la course au chiffre d'affaires et aux prestations low-cost » analyse un acteur des prestations en hôtellerie.