Hygiène et désinfection. Gels et désinfectants, tensions inédites sur les marchés
Les usines tournent à plein régime, mais la pénurie de gels et bientôt de désinfectant risque de durer.
« Il s'agit d'une situation sans précédent. Nos deux sites de production de Lyon et Saint Vulbas fonctionnent 24/24 avec des effectifs renforcés puisque nous employons actuellement quelque 150 intérimaires contre 10 à 15 en temps normal avec des mesures inédites de sécurité. En 2009 nous avions connu un pic d'activité, mais pas de ce niveau là et pas aussi longtemps. Nous avons la chance d'avoir un outil qui est bien dimensionné et avons pu anticiper en voyant ce qui se passait, un mois plus tôt dans notre usine de Singapour, mais nous sommes vraiment dans une situation folle ! » interpelle Guy Chifflot, président d'Orapi, qui doit faire face à une crise.
Pour les producteurs de gels et solutions hydro-alcoolique, qui réussissent encore à se fournir en alcool – en s'associant parfois à des distillateurs et bouilleurs de crus- la pénurie en flacons, pompes, ou encore étiquettes impose de s'adapter en termes de conditionnement. « Nos clients, hôpitaux notamment, acceptent de changer leurs habitudes et d'être livrés dans des bidons de 5 l » complète pour sa part Marc Marouani, le dirigeant du Gafic qui doit faire face à une situation encore plus compliquée pour honorer les commandes d'EPI, et de masques notamment.
La dimension mondiale prise par la crise sanitaire qui plonge aujourd'hui toute l'Europe et les Etats-Unis dans un véritable chaos, renforce les réflexes protectionnistes. Ainsi, un adjuvant pour gels hydroalcooliques, serait-il actuellement bloqué par les industriels américains qui le réservent à leurs industriels.
La tension est également de plus en plus forte sur les désinfectants, comme les ammoniums quaternaires, dont la demande va aller croissante dans les jours et les semaines qui viennent. L'association française des industries de la détergence (Afise) a fait ses comptes : « Depuis 4 semaines (du 24 février au 29 mars), les ventes d’eau de Javel ont progressé de 84% auprès du grand public. Sur la dernière semaine se terminant le 29 mars, l’eau de javel est le 4è produit le plus acheté en grande surface avec une progression de +120% ; ce chiffre atteignant + 255% dans les drive (source IRI 2020). Pour rappel, il est commercialisé chaque année en France environ 130 millions de litres/an en magasin. L’Hexagone figure au 2è rang de la consommation européenne en volume derrière l'Espagne et juste devant l'Italie (source Euromonitor 2018). »