L'emploi des seniors, un écueil majeur pour la propreté
Le projet de réforme des retraites pousse sur le devant de la scène la question de l'emploi et de l'employabilité des seniors. La propreté est un secteur doublement concerné par cette réflexion : une pyramide des âges défavorable (avec un âge moyen de 43 ans contre 39 ans pour l'ensemble des autres secteurs) et des critères de pénibilité pour une majorité des agents. Si les avis sur la réforme divergent radicalement entre syndicats ouvriers et patronaux, le constat sur la situation des plus de 50 ans dans les entreprises de propreté n'est pas loin d'être partagé.
Imaginer une nouvelle organisation
«Il est impératif de prendre en compte les capacités et les souhaits des salariés, en particulier dans notre secteur d'activité où la majorité des postes sont œuvrant avec une pyramide des âges défavorable. Il faut entrer dans une logique de retraite évolutive. Quand un agent de 65 ans me dit qu'il ne peut plus faire les cages d'escaliers nous devons bien entendu lui proposer un autre poste, il faut adapter les accessoires et les outils. Notre secteur d'activité fait peut de place aux fonctions sédentaires, il faut donc être vraiment très attentif à l'accompagnement et s'appuyer sur les services de médecine au travail. Mais en même temps nous assistons à une réduction du nombre de médecins et de services malgré augmentation des cotisations. Il faut imaginer une nouvelle organisation au travers de conventions nationales par exemple. Ou en prenant exemple sur l'accompagnement proposé par l'Agefip pour les salariés en situation de handicap » constate Yann Orpin, président du groupe Cleaning Bio et du Medef Lille, un des plus importants de France.
Le refus d'un « index seniros »
De son coté Lahouari Boubekeur, secrétaire national de la Cfdt en charge des services aux entreprises, propreté notamment, joue la même partition dans un registre un peu différent. « La question est de savoir comment on organise la reconversion de ces salariés, non diplômés pour la plupart, vers des métiers qui leur permettent de travailler jusqu'à 64 ans ! On ne peut pas demander à un agent qui se lève à 4 h du matin, et enchaîne plusieurs employeurs, de travailler deux ans de plus. A cela vient s'ajouter la disparition de certains paramètres de pénibilité dans le texte présenté actuellement au Parlement. »
La mise en place d'un « index seniors » semble faire, pour sa part, l'unanimité contre lui. « Pas applicable ni réaliste dans un secteur où les postes d'œuvrant représentent plus de 90% des emplois », « pas question d'en faire un moyen supplémentaire de pénaliser les entreprises! » réagit-on coté salariés et coté patrons. Un sujet d'autant plus compliqué que les recrutements sont devenus un véritable casse-tête et les entreprises ont besoin de bras, jeunes et moins jeunes...Quand ils les trouvent !
Réforme des retraites : forte mobilisation dans la propreté
« On a donc réussi à mobiliser des salariés qui ne manifestaient pas auparavant. Dans notre cortège de jeudi (19 janvier) , il y avait par exemple le syndicat de la propreté, et je n’ai jamais vu autant de militants et d’adhérents de ce syndicat dans la rue. Pour certains, ils repartaient travailler le soir même » notait Laurent Berger, secrétaire général de la Cfdt dans une interview parue le 21 janvier sur le site Médiapart.