Les impayés plombent l'horizon de 2023
« Notre secteur vit aujourd'hui une situation très difficile. D'abord en matière de trésorerie. Notre groupe qui réalise 8 M€ de chiffre d'affaires et emploie 450 salariés est passé de 750 k€ de trésorerie à 250 k€ ! Cette situation est due à l'augmentation des salaires, au turn-over important coté salariés mais également au heures complémentaires que je dois payer. A cela s'ajoute une hausse des impayés clients. Je suis obligé de mettre la pression sur ce sujet et de ne rien laisser passer. Dès le 1er impayé je facture 40€. Nous devons impérativement réagir avec des charges qui explosent » attaque Aurélien Mallet, dirigeant du groupe MMH, pas vraiment rassurant.
Remboursement à risque des PGE
« Nous observons une augmentation un peu insidieuse des délais de paiement qui risque de s'amplifier. C'est un gros point de vigilance pour l'année qui commence. Les banquiers ont remis au goût du jour le suivi des clients, et les assurances crédits baissent leurs encours. Le taux pour les découverts passe à 2%, voire 2,5% et beaucoup de sociétés commencent à rembourser leurs PGE » complète Stéphane Fournier, président du groupe Adisco.
Inflation générale et crise énergétique
Une situation à laquelle Philippe Jouanny, président de la Fep , est confronté quotidiennement dans les échanges avec les entreprises du secteur. « Le constat est largement partagé par nos adhérents qui nous alertent sur un phénomène inédit de défauts ou de délais de paiements de leurs clients. Certains cahiers des charges prévoyaient déjà des délais hors norme, mais aujourd'hui nous avons franchi un cap. Les entreprises sont d'autant plus fragilisées dans un contexte d'inflation générale, de crise énergétique et de remboursement des PGE (prêts garantis par l'Etat). 2023 sera extrêmement difficile pour toutes ces raisons » confie Philippe Jouanny dans l'entretien qu'il nous a accordé pour le dernier numéro de Bâtiment Entretien (janvier-février 2023).
Les clients ne comprennent pas
« Du côté des donneurs d'ordres la situation est toute aussi compliquée et incertaine et les prestations de propreté jouent de plus en plus un rôle de variable d'ajustement. Nous étions à 21,50 €/h et nous sommes passés à 24,18 €/h. Les clients le comprennent plus ou moins bien mais nous n'avons pas le choix. Le Smic a augmenté de 4,8% mais les accords de branche acte une hausse de plus de 11%, les clients ne comprennent pas, il y a un déficit d'information sur le sujet » conclut Aurélien Mallet.