Désinfection, désinsectisation, dératisation. Gros coup de gueule des professionnels de la 3D !
La Chambre syndicale de la 3D (CS3D) tire le signal d'alarme : l'interdiction récente d'utiliser les rodonticides de façon préventive risque de faire exploser la population de rats.
Le 6 juin, « Journée mondiale de la prévention des nuisibles » a été choisie par les professionnels de la 3 D pour lancer un cri d'alarme solennel. « Sans aucune concertation avec professionnels du secteur les Pouvoirs Publics, via l'ANSES ont fait évoluer les AMM des produits utilisés dans l'appâtage des rongeurs. Il n'est plus possible désormais de laisser en place de façon permanente ces rotonticides, quant aux traitements curatifs ils se voient quant à eux très lourdement encadrés. Nos entreprises et leurs clients vont devoir repenser la lutte contre les rongeurs. Il ne s'agit pas d'une mesure anecdotique mais bien d'un problème de santé publique qui touchent l'ensemble de la population » tonne Patrick Gravey le président de la Chambre syndicale 3 D (CS3D) qui regroupe quelque 1200 professionnels.
Une évolution radicale de la lutte
L'enjeu pour les entreprises spécialisées n'est pas de se faire les avocats d'une méthode de lutte plus qu'une autre, ou de défendre les intérêts des formulateurs de produits rodonticides mais de faire face à une situation qui risque de devenir rapidement critique.
Concrètement, les applicateurs ne pourront utiliser les anti-coagulants que dans le cas de présence avérée de rongeurs. Dans le cas des rats la réglementation prévoit la mise en place des boîtes puis un contrôle tous les 7 jours sur une durée maximale de 35 jours. Pour les souris, le contrôle doit être effectué tous les deux jours. Dans tous les cas un nouvel audit doit être effectué au terme des 35 jours.
Pour Stéphane Bras, président de la commission communication de CS3D, la stratégie de lutte contre les nuisibles doit évoluer de façon radicale. « Il faudra augmenter la fréquence de passage, le nombre de contrôle ou encore réaliser des piégeages avec des placebos pour pouvoir engager un traitement curatif. Mais il faudra également veiller à ne plus prévoir d'appâtage permanent dans les cahiers des charges, et surtout faire évoluer nos habitudes et nos pratiques au risque de voir la population de rongeurs être multipliée par 2, 5 ou 10 à court terme. »
Création d'un comité technique innovation et développement
Les professionnels de la 3D veulent plus que jamais jouer leur rôle d'expert en traitement des nuisibles, de formateurs et de partenaires auprès des collectivités, des entreprises, des commerçants et de l'ensemble de la population en général. Encore faut il que tout le monde joue le jeu...à commencer par les Pouvoirs publics avec lesquels les représentants de la CS3D espèrent encore pouvoir négocier pour faire évoluer la situation. Pour appuyer cette démarche et ouvrir le plus largement possible les réflexions la chambre syndicale vient d'acter la création d'un comité technique innovation et développement qui réunira des scientifiques, des juristes et des prestataires ayant un haut niveau technique.
Encadré
Une règlementation nouvelle et peu connue
Nul n'est censé ignorer la loi. Dans le cas présent il convient de lire intégralement les notice des produits anti-coagulants rodonticides pour savoir qu'il est désormais interdit de les utiliser en appâtage permanent. La loi prévoit 6 mois de prison et 7 500 € d'amende en cas de non respect de cette règle encore trop peu connue. La CS3D insiste sur le fait que cette règle n'est pas réservée aux seuls professionnels de la 3D. Une entreprise de propreté qui déposerait des appâts, un restaurateur, une collectivité, voire un particulier peuvent être poursuivi. « Le risque n'est pas virtuel... le client d'un hôtel, un parent dans une école ou une crèche, un co-propriétaire pourra très bien se retourner contre la personne ou l'entreprise qui a laissé en place ces produits biocides... » note un professionnel du secteur.
A lire également :
Parasitec 2018 le grand rendez-vous des professionnels de la 3D
1,8 millions d'euros pour traiter le parc de la RIVP