Nuisibles et désinfection. Les professionnels de la 3D se sentent pris au piège
Soumis à des exigences règlementaires de plus en plus fortes, et une augmentation inquiétante des nuisibles les professionnels ne cachent pas leur colère face aux Pouvoirs publics.
La Chambre syndicale de la 3D (CS3D) qui fêtera cette année ses 75 ans aborde cette sortie de confinement avec quelques sujets de crispation, voire d'énervement vis-à-vis des Pouvoirs publics et de son ministère de tutelle, celui de l'Environnement. « Il serait d'ailleurs plus logique d'être rattaché au ministère de la Santé, puisque l'ensemble des problèmes que nous traitons sont des sujets de santé publique... » glisse en préambule Patrick Gravey, le président de la CS3D qui regrette le manque de reconnaissance dont ses adhérents ont été victimes durant la crise. « Le statut de profession prioritaire nous a tout de même été refusé par les autorités, alors que nos adhérents ont multipliés les interventions sur le terrain, dans les sites sensibles notamment. On a oublié un peu vite également qu'un des 3D de notre métier représente la désinfection ! Nous sommes présents dans tous les domaines de la vie quotidienne et avons un besoin urgent d'être associés aux décisions prises. Les décisions règlementaires impactant le quotidien des professionnels sont nombreuses, et prises sans concertation avec les acteurs de terrains, qu’ils soient applicateurs ou fabricants de produits. » gronde le président de la CS3D qui regroupe 1200 entreprises pour plus de 12 000 salariés.
De nouveaux CQP
Les professionnels de la 3D, dûment certifiés et formés (grâce à de nouveaux CQP notamment) veulent jouer pleinement leur rôle dans le contrôle des nuisibles et continuer à travailler sur les solutions alternatives durables. Sans pour autant se priver de solutions plus traditionnelles pour cause de réglementation inadaptée.
«La prévention joue un rôle important. Notre mission sera, par exemple de contrôler que les locaux sont bien étanches, et dotés de systèmes anti-intrusion. Mais cela suppose des techniciens en nombre et formés. Nous alertons depuis la fin des années 90 sur les risques liés aux punaises de lit, mais le problème est vraiment pris en compte depuis 4 ou 5 ans. Le constat est le même avec de nouvelles espèces comme les moustiques tigres, les frelons asiatiques ou les chenilles processionnaires dont la progression est très rapide, et favorisée par le réchauffement climatique » martèle Stéphane Bras porte-parole de la CS3D qui insiste sur la nécessité de disposer de l'arsenal le plus large et le plus cohérent possible.
S'impliquer dans la désinfection
« Nous sommes des promoteurs et des utilisateurs de la lutte intégrée, mais nous devons pouvoir aussi avoir recours aux produits biocides et accompagner les Pouvoirs publics dans les réflexions en cours sur leur utilisation. Il est surprenant par exemple que les exigences européennes soient moins sévères que les contraintes françaises. De même la crise sanitaire nous a montré que l'application massive de désinfectants n'a pas toujours été faite dans les règles de l'art. Nos techniciens ne sont pas uniquement des dératiseurs ou des désinsectiseurs, ils sont en capacité de s'impliquer fortement dans les opérations de désinfection. Le texte en cours de préparation imposant le certibiocide pour pratiquer des opérations de désinfection va dans le bon sens ! Conclut Patrick Gravey.
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